SOMMAIRE

Editorial Cap Digital

Cette rentrée politique et médiatique est placée sous le signe de la préparation des élections présidentielles de 2017 : elle met sur le devant de la scène tout un ensemble d’interrogations, quant au désintérêt des citoyens pour la chose publique, leur défiance vis-à-vis de ceux qui l’incarne, se traduisant par une faible participation électorale et par une polarisation vers les extrêmes. Dans ce contexte, les technologies et nouvelles applications englobées sous le terme générique de « civictechs » occupent une place particulière : certains élus y voient un levier pour renouveler leur communication politique en cette période de campagne électorale, tandis que les citoyens les plus engagés en attendent un support pour de nouveaux canaux de communication avec leurs représentants et administrations.

L’édition de Futur en Seine 2016 avait donc accordé une place toute particulière à ce sujet, en accueillant, comme chaque année, le forum Personal Democracy France, au moment où par ailleurs le mouvement Nuit Debout de la Place de la République était à la recherche d’une nouvelle dynamique dans la mobilisation en ligne. La préparation du Partenariat pour un Gouvernement Ouvert, sommet international qui se tiendra à Paris les 7, 8 et 9 décembre 2016 constitue également une opportunité pour les citoyens investis, les institutions, les organisations non gouvernementales (ONG) et les médias de faire découvrir à un plus large public les outils de la « démocratie numérique ».

Les civictechs, très dynamiques en France, le sont également à l’international : l’hacktiviste argentine Pia Mancini les a théorisées en partie lors d’un célèbre Ted Talk de 2014, la développeuse Audrey Tang a promis de « hacker » la démocratie taïwanaise, le maire de New York, Bill de Blasio, a ouvert en 2015 le Civic Hall, un espace dédié aux civictechs… Les mobilisations citoyennes récentes ont montré par ailleurs comment elles savaient se saisir et s’appuyer sur les technologies numériques pour s’organiser et amplifier leur écho médiatique : les printemps arabes sur les réseaux sociaux, la révolution dite des parapluies à Hong Kong avec l’application « FireChat », etc…

Ce foisonnement d’initiatives n’est pas sans amener une certaine confusion dans l’analyse de ce que sont les civictechs.

Ainsi, la Knight Foundation (think tank américain) incluait en 2013 dans les civictechs les enjeux d’ouverture des données publiques, d’engagement citoyen mais aussi, de façon plus surprenante, l’économie collaborative, le crowdfunding et les réseaux sociaux – aboutissant ainsi à y compter des géants comme Airbnb, Uber ou encore Facebook et Twitter. Cette vision « Social Valley » – en référence à la Silicon Valley – fait la part belle à la figure de l’entrepreneur comme acteur du bien commun. D’autres acteurs se réclamant des civictechs ne se reconnaissent pas dans cette définition, loin de là : c’est le cas par exemple de certains membres de Nuit Debout, pour qui le numérique est une opportunité de révolutionner le système, de promouvoir un changement radical des institutions, par exemple avec la promotion d’un régime politique en peer-to-peer, la « démocratie liquide ».

Nous avons choisi de nous pencher plus précisément sur « toutes les initiatives, associatives ou privées qui concourent à renforcer l’engagement citoyen, la participation démocratique et la transparence des gouvernements » en décortiquant pour chacune de ces thématiques les défis numériques et les enjeux politiques qu’ils comportent, dans la lignée des analyses de Democracy OS ou Open Source Poltics, à retrouver dans un billet sur la plateforme Medium. Le premier volet traite de la « poltech », désignant l’ensemble des outils qui visent à renforcer la participation à la vie politique – notamment à travers la participation électorale – en facilitant l’accès des citoyens à une information politique de qualité, mais aussi en bouleversant les règles des campagnes électorales.

Le second pan des civictechs, la « govtech » vise à promouvoir la transparence de l’action publique à travers un vaste mouvement d’ouverture des données (l’« open data »), ce qui ne va pas sans créer de considérables défis techniques, tout en posant nécessairement la question de ce que signifie la transparence en politique.

Enfin dans une dernière partie, nous revenons sur l’essence même du terme « civictech », dans son ambition de servir d’outil support pour les initiatives de la société civile. Les civictechs sont-elles le signe d’un changement de paradigme, à savoir le passage de l’Etat-protecteur à l’Etat-accompagnateur du citoyen, désormais vu comme le principal acteur du changement ?

Proactif, connecté, curieux, le citoyen pourrait-il agir pour l’émergence d’une administration réactive et apprenante ?

¦ L’équipe de veille Cap Digital

Chiffres clés

Quelques défis

17%

des collectivités considèrent que les outils numériques permettent d’atteindre des publics traditionnellement absents des dispositifs traditionnels (Baromètre de la démocratie locale, 2016)

56%

des collectivités considèrent comme un frein majeur le coût de ces outils (Baromètre de la démocratie locale numérique)

80%

des collectivités pensent que les outils numériques permettent de renforcer la participation citoyenne locale (Baromètre de la démocratie locale numérique)

43%

C’est le % d’utilisateurs d’outils de civictechs qui a en conséquence accru son engagement civique (vote, volontariat…), selon l’étude sur le Civic Tech Assessment menée par la Knight Foundation en 2015

431 millions de $

C’est le montant investi aux US dans les civictechs entre 2011 et 2013, en provenance pour la majorité du secteur privé (Source : Knight Foundation)

42%, 57%, 64%, 44%

Ce sont respectivement les % de répondants (à une enquête menée par l’ONG MySociety aux US, UK, Kenya et en Afrique du Sud, sur le Civic Tech Assessment) du OUI à la question de la confiance apportée par l’utilisation de technologies civiques pour la prise en compte des problématiques sur lesquelles ils se sont mobilisés

  • Accessibilité

  • Big data

  • Usages

  • Scalabilité

  • Modèle économique

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